Le colloque lycéen de la République du Savoir (voir les éditions précédentes ici) revient pour une cinquième édition et présente un programme toujours aussi ambitieux malgré la crise sanitaire. Rendez-vous le mardi 23/03 au CDI.
Ayant cette année pour thème « L’inconnu« , la République du Savoir – saison 5 réunit douze lycéens de trois établissements différents (Berthelot, l’Europe et Angellier) pour des allocutions allant de la quête de l’Eldorado en passant par les extraterrestres ou encore l’hérédité. Une édition riche et prometteuse menée entre Dunkerque et Calais, et dont nous vous laissons découvrir la programmation détaillée puis le compte-rendu signé Roman Barez ci-dessous.
Place à l’Inconnu !


5ème Colloque de La République du Savoir
Mardi 23 Mars 2021 s’est tenue la cinquième édition du Colloque organisé par La République du Savoir. Durant plusieurs mois, des élèves de première et de terminale ont préparé leurs communications, accompagnés d’un-e professeur-eréférent-e, qui portait sur le large et ouvert thème de l’Inconnu. Vaste ensemble qui a permis d’aborder des sujets variés et tous aussi intéressants les uns que les autres.
La journée s’est ouverte sur une Histoire des méthodes d’identification utilisée par la police dans le cadre de la recherche des criminels. De la fin du XIXe siècle à XXIème siècle la communication a retracé l’historique de l’avènement et le perfectionnement de l’anthropométrie (l’ensemble des techniques d’identification des criminels), du génotypage (l’inscription dans des dossiers des données génétiques) etc. Cette première communication, de l’élève Hind Dzair de 1°G4 a permis de pousser des réflexions particulièrement intéressantes sur le fichage et l’enregistrement des données ADN, la révolution des techniques d’identification porté par Alphonse Bertillon et sur la scientifisation de la police.
La deuxième communication, exécutée par Marie Simonin du Lycée de l’Europe en classe de T°G7, portait sur Notre part d’inconnu: l’homme et son hérédité. La communicante a su capter son auditoire de par son éloquence et son dynamisme sur l’hérédité et les prédispositions génétiques abordées sous l’angle notamment des traumatismes transgénérationnels. Celle-ci a su éclairer une part de notre inconnu a savoir la transmission génétique des traumatismes et stress post-traumatique. Jonglant entre sociologie, génétique et philosophie, voir même psychologie, la communication a fait preuve d’une remarquable pluridisciplinarité. La communication a mis en lumière l’existence de l’épigénome, particule qui se fixe sur l’ADN lors de stress post-traumatiques prolongés plusieurs années. Cette communication a également abordé la puissance des mots, par le biais de l’évocation des théories de Bergson notamment.
Enfin, la séance de questionnement a permis de mettre en perspective la dimension historiographique de ces découvertes sur l’hérédité. En effet, la communication a suscité de nombreuses questions profondes sur le rôle de la mémoire et de l’histoire, ainsi que sur la mesure en laquelle nous nous connaissons réellement.
La première partie de la matinée s’est terminée sur une communication portant sur les réseaux sociaux et sur ce que l’on en connaît, c’est à dire en réalité très peu. Celle-ci a été faite par deux élèves de T°G6, Baptiste Lefebvre et Tom Seuwin. La communication s’est démarquée par le fait qu’elle nous touche tous à cette époque où les réseaux sociaux sont partout. La communication s’est dans un premier temps consacrée sur la captologie, soit l’étude des technologies persuasives utilisées parles réseaux sociaux afin d’influencer notre fréquentation de ceux-ci. Celle-ci traite du besoin de reconnaissance et d’interaction sociale que créent les réseaux sociaux, de la façon dont ils créent une forme de dépendance enjouant sur nos affects, nos émotions à l’encontre de notre raison. Ils ont également abordé la question de la publicité, qui s’avère la part de bénéfice majeur de ces entreprises. Ils se sont ensuite consacrés aux algorithmes, aux intelligences artificielles, au big data et à l’archipellisation. Leur communication a permis de mener des réflexions sur les aspects méconnus des réseaux sociaux, mais également l’influence de l’archipellisation sur la politique et les élections brésiliennes.
La quatrième communication de la matinée a porté sur le mythe de l’Eldorado et sur la quête de cet inconnu paradis qui a stimulé l’imagination et les explorations du Nouveau Monde. Cette communication d’Iliana Djaïz, élève de 1°G4, a permis de revenir sur la genèse de ce mythe, sur l’idéalisation de ce monde et son influence. De Voltaire aux Mystérieuses Citées d’Or, l’Eldorado éveille l’imaginaire et l’espoir. Celui de trouver un monde meilleur et utopique dans Candide ou l’optimisme, celui de trouver une terre aux milles richesses et aux tonnes d’Or qui a épris les conquistador et qui aux peuples d’Amérique centrale à causé bien du tort. Cette communication tant historique que philosophique a permis de questionner notre rapport à l’inconnu, à l’utopie mais aussi à nos désirs. L’Eldorado ne serait-il pas une quête que tous, au fond de nous, nous mènerions. Une quête de trouver le bonheur, une vie meilleure.Un paradis sur terre. Est ce que ça ne serait pas à nous de trouver notre Eldorado. L’idéal et la quête de l’Eldorado ont particulièrement bien été actualisés par la communicante par le biais d’œuvres traitant du voyage des réfugiés en quête d’un Eldorado. Ainsi cette communication permet, par son regard rétroactif sur la genèse et la nature du mythe, de questionner notre rapport à l’utopie et au bonheur en ces temps troubles.
Enfin, la matinée s’est terminée sur une communication de deux élèves de T°G4, Elyne Decuyper et Joséphine Meesemaecker, portant sur L’histoire méconnue du soldat inconnu. Ce soldat que personne ne connaît réellement mais qui est si cher à la société meurtrie parla Grande Guerre, s’avère être une réparation au traumatisme et au deuil national du lendemain de la guerre. La communication a su susciter l’attention via notamment des sources iconographiques et cinématographiques, investissant des affiches d’archives et le film de Bertrand Tavernier portant sur le soldat inconnu. Les communicantes ont permis de mener des réflexions sur la mémoire, sur l’importance de l’anonymat pour sa puissance symbolique, mais aussi sur sa réappropriation politique tant par les groupes nationalistes que communistes. Si les uns voient en lui un symbole de la défense de la patrie, les autres y voient une victime martyr d’une guerre impérialiste aux enjeux obscurs. La communication a permis en fin de compte de traiter au présent de cet enjeu mémoriel, sur ce qu’il représente pour nous, qui sommes si moins maintenant de nous dire que ce soldat avait notre âge.
Ainsi pour conclure que je tiens à féliciter tou-te-s les communicant-e-s pour leur investissement et le travail de qualité qu’ils ont fourni, la rigueur scientifique avec laquelle ils ont pu se familiariser et s’initier. Ce Colloque est une opportunité pour les élèves de s’entraîner à la pratique orale, à la discussion dans son sens originel, la disputatio. Ceux-ci ont su parler de ce qui leur plaît, de le transmettre. C’est une expérience unique et en tout point bénéfique et positive pour eux. Enfin, en tant qu’ancien participant au Colloque, je tenais à remercier Monsieur Ducolombier et le Lycée Angellier de m’avoir permis d’assister à cette édition. Je félicite ceux qui ont participé et les encourage à être fier de ce qu’ils ont fait. J’encourage également ceux qui hésiteraient à tenter l’expérience l’an prochain à faire le pas dans cette aventure inconnue pour eux, si la tâche peut paraître ardue, si elle l’est, c’est une expérience, un entraînement pour les études supérieures qu’il ne faut manquer. C’est une quête à l’instar de celle de l’Eldorado, une connaissance de soi, du monde qui s’étend et qui participe à la stimulation intellectuelle de chacun-e.
Barez Roman, ancien TL1 et ancien communicant de la quatrième édition du Colloque de La République du Savoir, Commencer et finir.

