Mardi 14 novembre, nous avons eu l’honneur de recevoir Édith Cresson au lycée Angellier dans le cadre de la préparation au concours de Sciences-po.
C’est une femme forte de 83 ans, et qui a traversé un certain nombre d’épreuves, que nous avons rencontrée. Rappelons-le, Édith Cresson a été maire de Châtellerault, députée, commissaire européenne, cinq fois ministre dont ministre de l’agriculture, des Affaires européennes mais surtout elle a été nommée Premier Ministre sous François Mitterrand en 1991. Malheureusement, elle n’a occupé ce poste que 13 mois. Nous avons préalablement préparé les questions en classe avec M. Donse, professeur de lettres. Cela nous a permis de réfléchir à plusieurs aspects de son parcours politique dont son passage à Matignon et les difficultés qu’elle a rencontrées dans ce milieu typiquement masculin.
Nous avons tout d’abord parlé des Écoles de la Deuxième Chance, le projet dont elle est le plus fière. La première E2C (projet pilote) a été lancée à Marseille en 1997. Ces écoles ont été créées parce qu’elle trouvait le système scolaire défaillant. En effet, 120 000 jeunes sortent de l’école sans diplôme. Aujourd’hui, les jeunes de 18 à 25 ans sans aucun diplôme peuvent s’inscrire dans l’école, où se mêlent apprentissages, formations (français, mathématiques, informatique…) et stages dans les entreprises. C’est un grand succès depuis leur ouverture car chaque année, 15 500 jeunes ressortent avec un travail ou un diplôme. Il y aurait même 4000 places de plus dans les années suivantes.
Nous avons poursuivi la discussion en évoquant les difficultés que les femmes rencontrent en politique. Édith Cresson a été la première femme nommée à Matignon et elle a dû faire face à des plaisanteries et des insultes. Elle n’a pas été aidée non plus car elle n’était soutenue ni par son parti ni par sa majorité parlementaire. Elle nous a d’ailleurs dit que quand elle a été ministre de l’Agriculture, des manifestants FNSEA avaient écrit sur une banderole « Edith on t’espère meilleure au lit qu’au ministère ! » ce à quoi elle a ajouté lors de la discussion au CDI « Heureusement que j’étais ministre de l’Agriculture parce que j’avais affaire à des porcs ».
Enfin, la passionnée d’économie ajoute que c’est elle qui a introduit l’intelligence artificielle en France, c’est-à-dire savoir anticiper et comprendre l’autre, et a aussi boosté les exportations de la France. Elle fonde alors une autre école, l’ADIT, une école de gestion économique, au départ créé pour aider les PME à décrocher des marchés à l’étranger.
Quelques questions/réponses :
- Que pensez vous de la politique menée par Emmanuel Macron et des 6 mois d’exercice d’Édouard Philippe ?
«Je trouve que Macron voit les choses de façon intelligente et que Edouard Phillipe est efficace. Il y a eu une amélioration concernant les travailleurs détachés. Je dirai aussi qu’il leur manque juste un vrai parti ».
- (…) François Mitterrand vous a-t-il imposé des ministres ?
« Il n’y a pas tellement eu de négociations pour le gouvernement. Je n’ai pu nommer que 2 ministres : Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn mais je ne savais pas ce qu’il faisait à l’époque » a-t-elle répondu en souriant alors qu’au début de la question elle semblait plutôt sérieuse.
- Pensez-vous que la place de la femme en politique a évolué depuis vos débuts ?
« Les classes politiques sont toujours misogynes mais c’est moins accentué et ce n’est pas partagé par la population. Les hommes osent moins mais c’est toujours là. Il faut rappeler quand même que c’est la France qui a donné le droit de vote aux femmes le plus tard ».
- Quel bilan tirez-vous de votre passage à Matignon ?
« Je n’ai pas pu faire la moitié de ce que je voulais faire, je n’ai pas fait beaucoup de réformes ».
par Zoé Houitte
Bravo Zoé!
Quel talent!
M.DONSE
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Merci beaucoup!
Zoé
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